- TANJORE
- TANJORELa ville de Tanjore (tamoul: Tañç v r) commande une plaine alluviale devenue la région la plus fertile de l’Inde du Sud grâce aux ouvrages d’irrigation du delta de la K ver 稜 aménagés en des temps fort reculés et constamment améliorés d’âge en âge. La tradition rattache le nom de cette ville à Tañçan, un géant malfaisant anéanti par le dieu Vi ルユu. L’histoire mentionne l’existence de la cité à partir de 850 de l’ère chrétienne et son essor coïncida avec celui de la dynastie C 拏 ヤa, alors que s’accentuait le déclin des Pallava au Dekkan. L’illustre R jar ja Ier C 拏 ヤa (985-1012) fit de Tanjore une capitale brillante et y fonda en l’honneur du dieu えiva un sanctuaire aux proportions grandioses, monument qui occupe une place de premier ordre dans l’histoire des arts de l’Inde.Le grand temple de TanjoreÀ la différence des autres grands sanctuaires méridionaux, bâtis en des lieux où la légende situe les apparitions des dieux majeurs de l’hindouisme et célébrés dans les hymnes tamouls classiques, le temple R jar je ごvara ou B リhad 稜 ごvara de Tanjore semble avoir été une création personnelle de R jar ja destinée à commémorer un règne prospère jalonné de succès militaires tant sur la péninsule qu’à Sri Lanka. Dans sa conception, le complexe architectural obéit aux principes établis, sur une échelle encore modeste, à K ñc 稜puram au cours de la période Pallava (VIIIe s.). Entièrement réalisé en blocs de granit, le R jar je ごvara se dresse dans une cour spacieuse, rectangulaire, que bordent des chapelles adossées au mur d’enceinte (pr k ra ) et à laquelle on accède après avoir franchi trois pavillons d’entrée (gopura ). Une statue colossale, tardive, du taureau Nandin, la monture de えiva, fait face au temple. Celui-ci s’étend sur une surface rectangulaire, interrompue à l’est par l’avancée d’un porche hypostyle précédant une salle (ma ユボapa ) et sur les faces nord et sud par l’étranglement du passage (arhama ユボapa ) conduisant au sanctuaire lui-même (garbhag リha ) qu’emplit presque entièrement un immense li face="EU Updot" 臘ga (cylindre de pierre, symbole phallique par lequel est évoquée l’énergie créatrice de えiva). La cella et son déambulatoire (pradak ルin -patha ) obscur couvrent, à l’arrière du bâtiment, un peu plus de trois huitièmes de la superficie totale et constituent ce que l’on appelle le vim na (« palais »). Le vim na porte une superstructure en forme de pyramide tronquée, culminant à quelque soixante-dix mètres au-dessus du sol et composée de treize étages de pavillons de tailles décroissantes, chaque côté du sommet de la tour représentant le tiers d’un côté de sa base. Comparé au mont Kail sa, la résidence de えiva, et souvent désigné comme le «Meru du Sud», le vim na du R jar je ごvara témoigne de la science des proportions et de la hardiesse acquises par les architectes tamouls deux siècles et demi après leurs premières réalisations en pierres assemblées, ainsi que l’importance considérable des moyens mis en œuvre. Une coupole monolithe couronne cette superstructure; elle ne pèse, dit-on, pas moins de quatre-vingts tonnes et aurait été mise en place à l’aide d’un plan incliné d’environ six kilomètres de longueur.Ladécoration de cet orgueilleux édifice marque, par rapport au style Pallava tardif, un retour à la sobriété. Aux courbes et aux contre-courbes qui opposent brutalement la lumière à l’ombre et fragmentent les surfaces sur les temples construits à la période précédente, on a préféré ici le calme équilibre résultant de dominantes horizontales et verticales. Une moulure, doublée d’une frise formée d’avant-trains de lions «atlantes», court autour du bâtiment, séparant la haute plinthe du mur proprement dit. Une corniche surmontée de la frise aux lions divise à mi-hauteur le corps du vim na et de l’ardhama ユボapa ; on la retrouve à chaque étage de la superstructure. Sur les zones ainsi délimitées alternent les niches abritant des divinités en haut relief et les pilastres. Des fantaisies de l’imagination tempèrent la rigueur de l’ordonnance; elles se manifestent dans les motifs zoomorphes et végétaux combinés sur des «arbres de vie» et des arcatures, dans les très belles échiffres d’escaliers, où l’on voit des personnages terrassés par les éléphants richement caparaçonnés, et dans les figures des «gardiens de seuil» (dv rap la ) géants, à quatre bras et à l’expression menaçante. À l’intérieur, une série d’images dépeint les cent huit poses de la danse classique (Bh rata-n レya ) exposées non par des danseuses comme sur les gopura du temple de Citambaram, mais par えiva lui-même. Une multitude d’inscriptions ont été gravées, à différentes époques, sur le temple. Elles évoquent les fastes de l’inauguration qui eut lieu dans la vingt-cinquième année du règne de R jar ja; elles décrivent les bijoux et les objets précieux qui furent offerts au dieu, à cette occasion et par la suite; elles énumèrent, en outre, les donations de terrains et de villages dont les revenus furent affectés à l’entretien du lieu saint et fournissent des listes des représentants des corps de métiers attachés à son service. C’est là une mine de renseignements sur l’administration et la vie religieuse, sociale et politique au temps des C 拏 ヤa (XIe-XIIIe s.) et au-delà.Dans le vim na , les parois du déambulatoire enserrant le sanctuaire portent des peintures. En s’écaillant, une couche superficielle (XVIe ou XVIIe s.) a fait apparaître de précieux morceaux de la période C 拏 ヤa. えiva s’y trouve présenté sous plusieurs aspects, en compagnie de saints, de dévots, de personnages grotesques, de danseurs et de musiciens des deux sexes. Par l’ampleur de la composition, le dessin nerveux et souple, la subtilité des tons dans une gamme chaude qu’exalte la présence de taches bleutées, ces fresques se situent dans le prolongement de la tradition classique.Par la force de ses armées, sur terre et sur mer, R jendra Ier (1012-1044) porta encore plus loin que son père la renommée des C 拏 ヤa. Il édifia à l’est de Tanjore une capitale nouvelle, appelée Ga face="EU Updot" 臘gaiko ユボac 拏 ヤapuram («la ville du C 拏 ヤa qui a pris le Gange», en souvenir d’une campagne victorieuse au nord-est du sous-continent), autour d’un temple qui, en dépit de sa silhouette massive, peut rivaliser avec le R jar je ごvara. Tanjore conserva son prestige de centre culturel et artistique, et assuma de nouveau le rôle de capitale, lors de la dislocation de l’empire de Vijayanagar, avec les N yak (XVIe-XVIIe s.) puis, après la chute de ces derniers (1669), sous une dynastie mahr t 稜. Plusieurs bâtiments construits dans l’enceinte du R jar je ごvara datent de cette époque tardive; l’un d’eux, le temple consacré à K ttikeya, le dieu de la guerre, est fort élégamment décoré.Les bronzes de la période C size=5拏 size=5ヤaIl convient de citer, au nombre des grandes créations de la période C 拏 ヤa, des images de culte en bronze d’une qualité exceptionnelle. Ce sont souvent des pièces de grandes dimensions (certaines ayant près d’un mètre de hauteur), comme accordées à la taille imposante des temples qui les abritaient et autour desquels elles étaient promenées en procession, exécutées selon le procédé traditionnel de la fonte à cire perdue et dans un alliage qui leur a fait acquérir avec le temps une belle patine verte. えiva nimbé de flammes exécutant la danse cosmique (N レar ja ) – le thème de la danse prédomine à Cidambaram et à Tanjore –, えiva jouant de la v 稜 ユ (instrument de musique à cordes), face="EU Acute" えiva assis dans la posture du délassement royal auprès de P rvat 稜 et de leur fils aîné, tels qu’on les voit sur le temple de Ga face="EU Updot" 臘gaiko ユボac 拏 ヤapuram, えiva s’appuyant sur le taureau Nandin furent entre autres fréquemment représentés alors. Mais Vi ルユu, ses avat ra et ses parèdres connurent aussi la faveur des imagiers, ainsi que les saints shivaïtes et vichnouites. Une école de sculpture bouddhique se constitua à N gapa i ユam, où un monastère avait été fondé sous le grand R jar ja. Le musée qu’on a aménagé dans un ancien palais de Tanjore possède quelques œuvres remarquables de style C 拏 ヤa, ainsi que le musée de Madras.Tanjore ou Tanjurv. de l'Inde méridionale (Tamil Nadu); 184 020 hab.— Temple de çiva (Xe ou XIe s.).
Encyclopédie Universelle. 2012.